Complètement à l’ouest, ou l’Algarve dans toute sa splendeur - Episode I : le Barlavento (1)

Vous le saviez peut-être déjà, l’Algarve se trouve dans le sud du Portugal et son nom qui provient de l’arabe Al Gharb [ou plus précisément Gharb Al-Andalous غرب الأندلس] lui a été donné du temps de la présence musulmane et signifie tout simplement l’ouest. Ce que que l’on sait moins, c’est qu’au-delà de l’image d’Epinal [plages et stations balnéaires qui se succèdent où se superposent] la région possède de loin d’autres atouts à offrir au voyageur. 

Nous venons d’y passer 10 jours et nous avons véritablement été conquis.

Après la traditionnelle observation du ballet des avions au sol [puissance 2 maintenant que TonMoutardBis a rejoint la bande ... tous pareils !], nous embarquons pour un peu plus de 2 heures de vol. Dans l’avion, TonMoutard s’occupe à monter son lego [je t’ai déjà parlé de cette passion qui dure et qui l’occupe deeeees heures ? Oooh Saint Ole Kirk Christiansen je m’agenouille devant toi, bénis-soit ton nom même s’il est imprononçable !]. 

Nous atterrissons à Lisbonne et récupérons notre voiture de location, empruntons le spectaculaire pont Vasco de Gamma avant de filer à Ferragudo sur la côte. Entre les deux, nous traversons la surprenante région de l´Alentejo. Les photos prises depuis la voiture ne restituent pas le mélange de beauté austère adoucie par le raffinement printanier de cette époque de l'année. L’Alentejo est telle une dame d’un âge avancée, fière de ses rides et de ses cheveux blancs mais qui a gardé la coquetterie de mettre un coup de blush par-ci, une pointe de gloss par-là. Un seul tableau pourrait résumer à lui seul son portrait : des chênes-lièges en avant-plan, quelques oliviers en arrière-plan, le tout baignant dans des champs de blé or et un océan bleu, quelques notes couleur arc-en-ciel viennent de temps à autre en rompre la régularité.

A la radio nous écoutons en replay une de nos émissions radio préférées. Les panneaux sur la route alternent avec des noms de lieux à consonance arabe. Ce contraste m’a toujours fait aimer les vacances, je me demande même si ce n’est pas la raison première qui me pousse à partir à l’assaut du monde.

Nous faisons une pause dans une aire de service au réveil de TonMoutardBis. Il en profite pour gambader partout, aller voir les gens et comme toujours se faire adopter en quelques secondes. Il est d’une aisance sociale remarquable ! Nous repartons après un maigre repas [car pas grand chose à se mettre sous la dent et puis aucun de nous 4 n’a vraiment faim] et nous arrivons enfin à destination après une grande journée de voyage.

L’Algarve peut être divisée en trois parties qui présentent chacune une homogénéité géographique : la côte ouest ou Barlavento à l'ouest de Faro, la côte est ou Sotavento auxquelles j'ajouterai la région - fictive car n'ayant pas d'existence à proprement parler mais est plus propre à un ressenti personnel - l’arrière pays.

La côte ouest est celle qui ressemble le plus aux photos promotionnelles et images de cartes postales.

I - Le Barlavento : 

Nous logeons à Ferragudo en face de Portimão. Les deux villes ont pour frontière naturelle le fleuve Arade - longtemps navigable pour le transport du liège, véritable trésor de la nation - mais bien d’autres choses les séparent. L’une est une grande ville moderne, la première fait plutôt village. L’une peine à faire sortir de l’ombre les vestiges de son vieux centre, l’autre la nargue de son surnom de petit St Trope. La rive de l’une accueille des géants sans pieds dont l’ampleur rivalise avec celle de ses tours en béton tandis que la rive de l’autre abrite en son havre de petits nains sans prétention. Dans la continuité de Portimao depuis la grande plage de Praia Da Rocha, on peut apercevoir ces grands buildings qui ont donné le tournis aux promoteurs mais qui bon gré mal gré sont restés à bonne distance de sa magnifique plage. Concernant la spéculation foncière sur le littoral algarvien, je suis partagée entre le désir de croire que la folie immobilière semble moins prononcée ici qu'en d'autres lieux que nous avons déjà visités et la réalité de ce qu'il en est vraiment [Bibi a donc décidé d'"enquêter" entre temps et vous fera part de ses observations régulièrement tout au long de ce billet].  

Ainsi donc, on peut encore à certains endroits marcher le long de sentiers pédestres vierges de toute construction [ou alors celles-ci sont intelligemment rendues discrètes] et admirer du haut des falaises des vues vertigineuses plongeant dans l’eau turquoise avec en musique de fond le tumulte des vagues qui se jettent sur les rochers, s’invitent dans les nombreuses grottes avant d’en ressortir dans un grand fracas.

Il existe ainsi le parcours dit des sept vallées suspendus parcourant environs 6 km de long et passant par les plages les plus réputées du pays : Praia Carvoeiro, Praia Benagil (où se situe la fameuse grotte que l'on voit sur tous les sites de voyages), Praia Carvelho, Praia Marinha, etc. Nous sillonnons ce chemin à deux reprises pour en effectuer une bonne partie. 

Ces superbes falaises peuvent également être admirées depuis la mer grâce à une pléthore d'offres d'excursions. J'avoue que nous nous sommes laissés tenter, TonMoutard insistant pour faire du bateau. En d'autres temps, nous nous serions contentés de la visite terrestre, TonPapaMoutard n'étant pas fan de sorties en mer mais surtout pour le souci de l'empreinte écologique que cela engendre ; mais vous connaissez le proverbe désormais consacré : "Avant j'avais des principes, etc. etc.". Plus sérieusement, au moment même où je rédige ces mots, je me dit que je me dois d'évoquer cet aspect de nos modes de voyage auquel il faudra donner une autre dimension, car si les principes changent avec l'arrivée d'enfants dans un couple, je crois que paradoxalement cela nous rend plus exigeants envers nous-mêmes. Je reviendrais donc une prochaine fois sur ce sujet ! 

Le phénomène d’érosion est ici une fatalité perceptible et une réalité palpable provoquant des formations géologiques étonnantes : grottes, gouffres, arches, dolines, réseaux de ravines, ... la main humaine donnant un coup de pouce, le site offre un formidable terrain de jeu pour TonMoutard.

Erosion, bétonnage et remblaiement de sites naturels ! Une équation où l’inconnue est œuvre du temps. Une confrontation entre l’homme et la nature ... dont bien sûr l’homme sortira perdant car on ne peut pas lutter. Je suis tombée en rentrant sur cet article qui explique tous les enjeux de la situation.   

Ici on rencontre et spécialement à cette époque très fleurie de l'année, une formidable variété de flore : iris sauvage, genêt, agaves, fuschias et marguerites ajoutent leur grain de sel - marin - au spectacle en se pavanant aux premières loges. Une curieuse faune vient se mêler de l’affaire [quoi ? Vous avez remarqué le crocodile et l’éléphant ? Je parie que vous n’avez vu que du feu pour l’intrus au nez crochu ! Comment si ? Vous l’avez remarqué aussi ?! Trop forts !!]. Évidemment, on a envie que ce paysage ne soit jamais altéré car le bonheur que sa présence procure est précieux, mais comme à chaque fois je me pose la question : comment concilier tourisme et écologie ? Le meilleur moyen n’est-il pas de résister à cette boulimie dévorante de tout connaître ? Tout voir ? Tout découvrir ?

En tout cas, ce n’est sûrement pas dans le prochain article que la question sera résolue car je vous parlerai plutôt de la suite de nos pérégrinations dans le Barlavento ... A tout de suite dans ce billet qui suit !