Ici, il y a des anecdotes, du rire, des pleurs aussi et beaucoup de vie. Des instants volés sur du papier volant, appelés à durer.
23 Septembre 2019
Il n'aura échappé à personne que ce WE, c'était World Cleanup Day ! [Comment ça t'étais pas au courant ? C'est l'automne qui débarque là c'est pas encore l'hiver, sors de ta hutte ! Tu hiberneras plus tard !].
Face à cet événement, on peut adopter différentes postures :
- L'indifférence : "Non mais moi j'ai piscine, après je vais pêcher des moules au fond de mon jardin donc tu comprends, j'ai pas le temps pour ces conneries !" = Biiiiip, mauvaise réponse !
- Le mépris : "Ouéééé booon ! Encore une bande d'écolo-bobo-mangeurs-de-graines qui font leur show. Ils commencent à me gonfler ces néobolcheviks bouffeurs de pépins de courge et autres choux pak choï avec leurs idées à la c*** qui puent les aisselles mal rasées !" = Biiip, mauvaise réponse !
- Le déni [avec parfois un soupçon d'aveu d'impuissance à peine voilé] : "La planète, la planète, quoi la planète ?! Elle se porte très bien la planète quoi, faut arrêter avec les scénarios catastrophistes à la sauce hollywood ! [Bon, tu me passes le masque à oxygène stp ? J'ai pas envie d'attraper un cancer des poumons dans le métro ! C'est quoi cette tête, tu lis pas la presse ? ]" = biiip, mauvaise réponse [pour le cancer, je préfère ne pas me prononcer] !
- Le pessimisme exacerbé : "Franchement, chépa si ça change grand chose tout ce tintamarre et remue-méninges ! De toutes façons, la planète est fichue, nous sommes fichus, la fin du monde est au bout du tunnel alors à quoi bon ?". Euuuh, je te l'accorde, ça va mal mais quand même .... = biiiiip, mauvaise réponse !
Bon, tout cela est très caricatural bien sûr [la petite touche sarcastique de ce billet ne t'auras pas échappé] ! Et toi cher lecteur, tu as déjà sûrement milles et une autres façons de faire des choses très bien pour la planète. Je me dis juste que nous arrivons à un stade où la balle de set se joue clairement dans le camp de nos chers décideurs [non pas que ça ne l'était pas avant, non pas que nous n'avons pas chacun notre part ; mais là ça urge, ça l'est d'autant plus à l'heure où le premier étage de la maison s'enflamme et que les décisions prises ne sont clairement pas les bonnes voire nous enfoncent encore plus !].
Il ne suffit plus de prendre son vélo, dénoncer ou alerter sur les comportements inciviles, manger bio et local, fabriquer ses cosmétiques maison et acheter en vrac pour sauver la planète [et accessoirement nos fes*** hein ? Car c'est de cela aussi dont il s'agit]. Il faut des démonstrations de force, des actions collectives, mondiales, coordonnées pour attirer l'attention de nos hommes et femmes politiques et leur montrer une certaine constance et détermination, car non ce n'est pas un effet de mode qui va passer ou s'épuiser suivant les mandats qui se succèdent. Les gens n'attendent plus qu'un discours et des promesses qui sont systématiquement remisés en bas de la pile aux lendemains d’élections où on a un peu trop abusé du champagne et de la vaseline.
Et puis l'homme a ses contradictions n'est-ce pas ?! Du haut de ma posture aux allures militantes, je n'hésite pas moi-même à parcourir des milliers de kilomètres pour aller consommer mes loisirs à l'autre bout de la planète. Alors certes je peux vous vendre mon penchant pour les vertus du voyage, mon amour pour la découverte, ma passion pour d'autres cultures et un certain goût d'ailleurs. Je peux me plaindre des compagnies aériennes qui ne m'aident pas, qui ne font rien pour moderniser leur flotte, qui proposent des billets d'avion aux prix de plus en plus délirants et de plus en plus imbattables, qui démocratisent de plus en plus le voyage en avion, ouvrant la voix au tourisme de masse et ce qu'il draine comme pression environnementale de plus en plus insoutenable. Je peux aussi vous expliquer en long et en large que nous essayons de réduire notre impact en consommant responsable sur nos lieux de visite et limitant nos voyages au bilan carbone pas très reluisant [nous avons divisé nos voyages en avion par deux depuis quelques années, par contrainte de logistique et mobilité plus compliquée à gérer à 4 mais aussi par réelle volonté de réduire notre impact ... ].
Mais en fait, en vrai, ne nous leurrons pas ! Nous faisons tous partie de ce monde schizophrène qui applique le deux poids deux mesures, qui vit dans ses propres contradictions ! Et, nous avons tous besoin des uns et des autres pour sortir de cette maladie dégénérative, comme une espèce de grande thérapie où l'émulation de groupe ne (re)produirait pas que la somme de nos pathologies individuelles. Ce sont des décisions fortes et mondiales, drastiques s'il le faut qu'il faudrait à présent appliquer, qu'il faut appeler de nos vœux pour nous sevrer de notre propre "boulimie" ... repenser notre "régime" de façon plus "sobre" et changer ce qu'on doit mettre dans nos "assiettes" !
Par ailleurs, si cela peut sembler être un geste anecdotique, insignifiant, symbolique et infinitésimal ; il n'en reste pas moins que la présence à des opérations collectives de ce genre a le mérite de démontrer une mobilisation générale habituellement diluée dans des actions individuelles. Ces actions permettent aussi de rendre concret le problème de pollution, surtout lorsque celle-ci est discrète et invisible dans une ville et un environnement qui - dans notre cas - ne sont pourtant pas des plus « sales ».
Plastiques d'emballages, restes de fêtes d’anniversaires, lendemains de pique-niques qui voyagent et ... 450 mégots de cigarette le long de moins de 800m des trottoirs, caniveaux, arbres, bancs publics et les (bien peu nombreux) espaces verts en milieu urbain. Voilà notre - maigre mais pourtant assez significatif - butin de ce WE.
« En fait maman j’ai compris, les gens qui fument ne veulent même pas faire l’effort de se lever pour jeter leurs mégots dans la poubelle à côté ! ». Alors cela ne concerne certes pas tous les gens qui fument, mais en fait là n’est pas le sujet et c’est bien là tout le malheur du monde.
450 mégots ne pèsent pas bien lourd dans une poubelle, alors ça doit peser encore moins lourd dans les consciences ... mais ne nous laissons pas abattre !
Nous avons ensemble discuté avec TonMoutard de ces comportements, réfléchi à leurs raisons, leur occurrence [essentiellement aux sorties des magasins, de parkings, petits espaces derrières les clôtures, autour des arbres, ...] et avons réfléchi ensemble à ce qu’on pouvait faire : en discuter, sensibiliser, afficher les photos de notre butin près des lieux de nos plus grandes collectes pour inviter à la réflexion ou faire une restitution à l'école pour voir ce qui peut être fait comme activités de sensibilisation et participation à des actions similaires en groupe, interpeller la mairie pour poser systématiquement des cendriers prés des lieux les plus susceptibles de servir de décharges avec des mots incitant à plus de "civisme", ...
Cette génération, à qui seront confiées les clés d'un monde aux avancées hautement technicisées mais paradoxalement assez angoissant et chargé d'un lourd passif, doit être épaulée et doit pouvoir espérer encore un monde à la hauteur de ses rêves et de ses ambitions. Nos enfants ont besoin de savoir qu'ils peuvent agir alors toute occasion est bonne et ne nous privons surtout pas d'agir ENSEMBLE !