Complètement à l’ouest, ou l’Algarve dans toute sa splendeur - Episode I : le Barlavento (2)

[Cet article fait suite au billet précédent Complètement à l’ouest, ou l’Algarve dans toute sa splendeur - Episode I : le Barlavento (1)].

Dans Barlavento il y a "vento", la région est en effet très exposée et le dieu Éole se plaît à lui faire subir ses nombreux caprices. Nous l’avons particulièrement vu à l’œuvre à Sagres, pointe la plus occidentale de l’Algarve.

Pour les marins de l'ancien monde, au-delà de ces terres se trouvait l'inconnu. Henri le navigateur - considéré comme figure du début de l'expansion coloniale de l'Europe dans le reste du monde - y construisit une forteresse abritant une école navale d'où devaient partir les expeditions devant mener à la découverte du nouveau monde, mais aucun bateau n'en partit jamais, cet honneur revenant à Lisbonne. Toutefois, ce centre de recherches très avancé pour l'époque qui reçut la visite des plus illustres géographes, astronomes, navigateurs, ... contribua fortement à la découverte des Amériques et de fait à changer le cours de l'histoire.  

Aujourd'hui, il ne subsiste plus que des canons rouillés, quelques pans de murs, une chapelle et ce que l'on pense être les vestiges d'une gigantesque rose des vents ou d'un cadran solaire ?

Le Cap St Vincent où un phare a été construit se trouve un peu plus loin. C'est la pointe la plus au Sud-Ouest de l'Europe. Le vent y souffle à écorner les bœufs comme on dit [ou décoller les portes ouvertes des voitures, ou .... décapiter un surfeur ? C'est au choix !].

Après la pause déjeuner, nous remontons par une petite route goudronnée sur 1 ou 2 km avant de se terminer en piste parsemée de nids de poule. Nous remontons ainsi une partie du Parc naturel du Sud-Ouest alentejan et côte vicentine avant de redescendre sur la côte dans la ville de Lagos.

Il y a bien un lien entre la Lagos portugaise et la Lagos nigériane puisque ce nom a été donné à cette dernière par des navigateurs portugais en référence à la première. Malheureusement, ce qui lie le plus les deux villes est loin d’être le début d’un coup de foudre mais plutôt le démarrage en Europe du commerce d'esclaves en provenance d'Afrique ramenés par Gil Eanes, au service d'Henri le navigateur. Plusieurs hommages lui sont rendus dans les rues de la ville étant considéré comme une figure emblématique en sa qualité d'explorateur et grand navigateur, mais ce "petit détail" me gène. Bien sûr, c'était une époque différente, mais on peut aussi choisir ses héros.

La ville est très agréable à parcourir, ses petites ruelles pavées qui alternent le gris et le noir, ses grandes places bordées de palmiers et bougainvilliers ainsi que les façades blanches des maisons manuélines coiffées d'une forêt de toits quadrangulaires dont fenêtres, portes et arêtes sont encadrées de pierres de taille en relief nous rappellent les villes de Madère (ce sera le cas d'autres villes du bord de mer tel Albufeira et Faro). Quelques dragonniers dans le paysage et on se croirait au beau milieu de l'Atlantique plutôt qu'à son extrémité.

A proximité de la ville se trouve un sentier pédestre (Ponta Da Piedade) permettant d'effectuer une belle balade pour admirer encore une fois la beauté naturelle des falaises de la côte algarvienne. Nous n’aurons malheureusement pas l’opportunité de l’emprunter par manque de temps.

En villes maritimes, nous visitons également Albufeira. Beaucoup plus amassée que sa voisine Lagos, celle-ci court le long d'un promontoire rocheux qui surplombe son immense plage. Un ascenseur est même aménagé pour rejoindre le bord de mer depuis le point le plus élevé. Il y a un refuge pour chats où nos amis félins ont l’air de mener la belle vie [nous rencontrons beaucoup d’autres endroits similaires ailleurs en Algarve, un bon indice de bien-être qui devrait obligatoirement figurer dans tout critère de notation touristique qui se respecte !]. 

Albufeira donne l'apparence d'une ville plus animée et plus festive. Son nom provient de l'arabe Al-Buheira ou la petite mer. Elle accueillait anciennement des pêcheurs qui amarraient le long de sa plage Praia Dos Pescadores, ceux-ci ont été "chassés" vers la nouvelle marina pour laisser la place au flux de touristes. Un autre exemple de gestion qui pose question !

Le Barlavento est incontestablement beau ! Ses paysages époustouflants attirent naturellement du monde, mais cet afflux de voyageurs en quête de soleil ou de retraités allemands ou britanniques en quête de douceur pose clairement problème si des sites sont dénaturés pour y faire pousser du béton ou créer un trafic nuisible au bien-être de la faune et de la flore. Nulle part ce dilemme n'est questionné ou interpellé. Je me dis que nous y contribuons également et me demande comment concilier notre amour du voyage et nos envies de découvertes dans cette région à l’écosystème tellement fragile.  

Le Sotavento et l'arrière-pays nous apporteront quelques réponses ... et un peu de réconfort ! A suivre dans le billet qui arrive ....